Quand la nature fait naître des questions

En automne, les enfants remarquent mille et un détails : le bruit caractéristique d’un vol de bernaches dans le ciel, un écureuil qui s’empresse de transporter une noix, un arbre qui se dénude peu à peu de ses feuilles. Ces observations toutes simples deviennent des portes ouvertes vers de grandes questions : « Où vont les oiseaux ? », « Pourquoi les écureuils travaillent-ils autant ? », « Est-ce que l’arbre va mourir sans ses feuilles ? ».

Comme éducatrice, je n’ai pas besoin d’avoir toutes les réponses. Ce qui compte, c’est d’accueillir leurs interrogations. Dire « je ne sais pas » devient alors une belle occasion de chercher avec les enfants : en consultant un livre, en observant la nature de plus près ou en formulant des hypothèses ensemble. L’important n’est pas la réponse immédiate, mais le processus de réflexion. On démontre également aux enfants que les adultes n’ont pas réponse à tout et que nous continuons, nous aussi, à apprendre chaque jour.

Pour nourrir cette curiosité, il est essentiel d’offrir du temps à l’exploration. Ramasser une feuille pour observer ses nervures ou guetter l’endroit où l’écureuil cache sa nourriture deviennent des expériences riches qui suscitent naturellement des questions. Dans ces moments d’attention, l’enfant apprend à observer, à comparer, à faire des liens et surtout, à construire peu à peu sa compréhension du monde.

Voici quelques pistes pour soutenir les enfants dans leur questionnement

• Accueillir leurs questions sans les interrompre,car nous voulons leur démontrer que cha montre qu’elles sont importantes et qu’elles méritent d’être entendues.

• Nommer notre propre curiosité : dire par exemple « Je me demande aussi… » pour valoriser la recherche commune.

• Encourager les hypothèses : poser des questions ouvertes comme « Qu’est-ce que tu penses, toi ? » avant de donner une explication. Il peut être aidant de se préparer une petite banque de questions ouvertes, car ce n’est pas toujours facile d’y penser spontanément, car on revient souvent à des questions fermées qui se répondent en un mot.

• Offrir des ressources accessibles dans notre coin lecture pour permettre aux enfants de : consulter ensemble un livre documentaire ou d’observer une illustration sur le sujet.

• Relier les questions à l’expérience vécue : « Tu te rappelles hier, on avait vu… ? » Cela permet de soutenir la continuité et la profondeur de la réflexion.

Un matin, par exemple, nous avons observé un écureuil qui revenait sans cesse au même endroit pour enterrer une noix. Les enfants se sont tout de suite demandé : « Comment va-t-il s’en souvenir ? » Certains pensaient qu’il comptait les arbres, d’autres qu’il suivait son odeur. Nous avons alors décidé de jouer aux écureuils en cachant de petits objets pour vérifier si nous étions capables de les retrouver plus tard. Ce simple moment d’observation s’est transformé en une expérience scientifique à leur mesure, pleine de rires et de découvertes.

 Bref, l’automne devient alors un véritable laboratoire vivant où chaque détail de la nature nourrit réflexion et émerveillement. En accompagnant les enfants dans leurs observations et leurs questionnements, nous leur offrons non seulement la liberté de s’émerveiller, mais aussi le plaisir de découvrir que le savoir est vivant, qu’il se construit pas à pas, et que chacun peut y contribuer grâce à son regard unique.