Cabane en nature : créer et coopérer

Quand j’accompagne un groupe d’enfants en forêt, il m’arrive souvent de proposer la construction d’une cabane éphémère. Ce moment devient rapidement bien plus qu’un simple jeu de branches : c’est une occasion précieuse de vivre ensemble une expérience de collaboration et de créativité.

Je n’impose pas de plan. J’aime laisser émerger les idées, voir les enfants négocier entre eux la forme que prendra leur abri, observer les élans spontanés, les prises d’initiative. Certains proposent un tipi, d’autres veulent appuyer la structure contre un arbre ou un rocher. Peu importe la technique choisie : ce qui compte, c’est le processus. L’imagination devient le moteur du projet.

Parfois, nous utilisons uniquement ce que la nature nous offre : des branches tombées ou des feuilles. Mais il m’arrive aussi d’apporter quelques matériaux qui élargissent le champ des possibles : des draps usagés, de vieilles bâches, des cordes robustes. Avec ces éléments simples, les enfants apprennent à créer des abris légers et colorés, à nouer, à tendre, à faire preuve d’astuce et d’observation. Une corde entre deux arbres et un drap bien tendu peuvent suffire à créer un espace magique où l’on chuchote des secrets. L’important pour moi, c’est que les enfants expérimentent, bricolent, réajustent. Je les accompagne sans prendre toute la place. Mon rôle est de soutenir, d’encourager, de poser les bonnes questions pour stimuler la réflexion et la coopération.

Chacun peut trouver sa place : certains deviennent des architectes en herbe, d’autres préfèrent le rôle de chercheur de matériaux, de constructeur ou même de décorateur. Ils ajoutent des éléments qu’ils trouvent autour d’eux : une pierre plate devient une table, des feuilles deviennent des rideaux. Les jeux symboliques naissent spontanément, et parfois une histoire prend forme autour de la cabane.

Et à la fin, on prend toujours un moment pour réfléchir à notre passage. Doit-on démonter la cabane ? A-t-elle été construite de manière à se fondre dans le paysage une fois que nous serons partis ? Ce sont des discussions précieuses pour faire grandir la conscience écologique. On parle d’impact, de traces visibles et invisibles, et de l'importance de respecter ce qui était là avant nous.

Ce genre d’expérience, je le vois comme une invitation à ralentir, à être présent, à faire ensemble. Et je repars souvent le cœur rempli des rires, des essais, des maladresses et des trouvailles que cette simple activité a permis de faire émerger. Chaque cabane, qu’elle soit faite de branches ou de tissus, devient le témoin d’une journée de découvertes, de créativité et de liens tissés avec la nature… et entre nous.

Myriam